«Jadis
                 les arbres
        étaient des gens comme nous

        Mais plus solides
                plus heureux
                plus amoureux peut-être
                plus sages

                C’est tout.»

          Jacques Prévert

En Europe de l’Ouest, la nature a été presque entièrement domestiquée. De cette entreprise d’assujettissement ne subsistent que quelques poches de sauvage. La forêt n’échappe pas à cette conquête. Fortement anthropisées, les forêts françaises ont été intensément mises à contribution de la machine économique, les besoins en énergie s’étant profondément modifiés à partir du XVIIIème siècle la physionomie des forêts a également changé. La forêt est aujourd’hui multifonctionnelle, toujours lieu d’exploitation économique elle est aussi un lieu en partage avec le vivant.

Des futaies cathédrales entretenues par l’ONF depuis des siècles aux récentes réserves biologiques intégrales où la nature donne libre cours à son évolution, les paysages façonnés par les arbres nous interrogent sur notre rapport à la nature, au domestique et au sauvage.

En parcourant diverses typologies de forêts je pars rencontrer les arbres pour établir un portrait de leur condition au début du XXIème siècle dans le quart nord-ouest de la France (régions Normandie, Île-de-France Centre-Val-de-Loire). Cette aire forme un ensemble géo climatique cohérent qui devrait être – dans les décennies à venir – affecté par les mêmes effets liés au changement climatique : à savoir dépérissement du chêne pédonculé, du hêtre et du pin sylvestre. Ce travail vise à établir un état des lieux de ces forêts au tournant de ce changement annoncé.